La pourrisie
tu reviens toujours à la poésie
comme à une vieille pute su’l trottoir
jamais elle t’abandonne
est tout le temps là qui attend
silencieuse, elle t’ouvre toujours ses vieux bras amochés
quand tu reviens lui vider ton sac chargé de chagrins inventés
dans tes jours de beaux temps supposés
où tu confonds l’ennui avec une éclaircie
tu lui lèves le nez
elle te lève le cœur
la larme à l’œil
elle n’est jamais la bienvenue
dans les beaux bordels médiatiques
elle traîne dans rue comme sur une tablette de librairie
en femme objet infecte qu’on met en quarantaine
pourtant, elle se fait passer sur le corps
par des convois de gamins ténébreux
qui ont tôt fait
de l’abandonner
qui veut vivre au côté d’une traînée
et risquer de finir comme elle, déchet
à trop boire sa poésie à même le pichet?
qui veut coucher avec elle dans ruelle
et se faire violer par le batte de baseball du réel?
qui veut en avoir plein les bras
de la seringue de ses maux?
qui veut sniffer de plein gré
la mort à plein nez?
dans l’hôtel de passe
les gangs, les pimps et la police
peuvent bien aller se rhabiller
parce que c’est elle
la pourrisie
qui mène dans rue!
Vagabond à rien,
Sébastien Blais,
92 pages, 2004
ISBN 2-9807888-2-1